MIRABEL



Lacroix : Statistiques du département de la Drôme 1835



MIRABEL



MIRABEL (Mirabellum). - Il est situé sur la rive gauche de la rivière d'Eygues, sur la route départementale de Montélimar à Carpentras, à 6 kilomètres sud de Nyons et 9 nord de Vaison. Sa population, portée à 1,631 individus dans les anciens dénombremens, est aujourd'hui de 1,816. Le territoire produit des olives qui donnent une huile excellente, du bon vin, de la soie et des grains de toute espèce. Il s'y tient trois foires par an. Il y a des tuileries et des fabriques pour l'ouvraison de la soie.
Le bourg est entouré de mauvaises murailles percées de quatre portes. Il présente trois enceintes bien marquées, qui attestent et l'antiquité de sa fondation et ses accroissemens successifs. Sous le régime féodal, il s'élevait dans la première enceinte, connue encore sous le nom de courtine, un château-fort, auprès duquel était une chapelle des dauphins, remarquable par sa structure antique : c'est maintenant l'église de la paroisse. Il y avait à quelques pas de là un oratoire, où les habitans faisaient les exercices du culte séparément des dauphins, et dont il ne reste que des vestiges. A l'angle occidental de cette ancienne chapelle des dauphins, est un des trois piliers sur lesquels a été bâtie la muraille qui forme de ce côté l'enceinte de l'église, telle qu'elle a été agrandie en 1651. Si l'on en croit la tradition, il aurait existé sur ces trois piliers une tour d'une telle hauteur, que de son sommet on apercevait la ville d'Orange : elle avait le nom de turris mirabella.
Au centre du bourg est une place ou promenade publique plantée de deux beaux rangs d'arbres.
Les habitans de Mirabel vont en procession trois fois par an à Notre-Dame-de-Beaulieu. C'est une petite chapelle qui est à l'extrémité méridionale du territoire, sur les limites de Puymeras et de Villedieu. Il en est fait mention dans un acte du 29 mars 1212, et elle existait déjà depuis fort long temps. La plus solennelle des trois processions a lieu le jour de Pâques. Le corps municipal y assiste, et les habitans des villages voisins ne manquent jamais de venir augmenter ce pieux concours du peuple.
C'est encore à Notre-Dame-de-Beaulieu qu'on va demander de la pluie ou du beau temps. Après les prières générales, on en fait de particulières pour la famille Dragonnet et Randonne : c'est celle qui possédait la baronnie de Montauban sur la fin du XIIme siècle et au commencement du XIIIme.
A un kilomètre de Mirabel, à droite du chemin de Vaison, on remarque le Serre-des-Huguenots. C'est un coteau où l'on trouve quantité d'ossemens humains et des fragmens de lances, qui prouvent que ce lieu a été le théâtre d'un grand combat. Aucun document n'en détermine ni l'époque ni la cause ; l'histoire de la province garde un silence profond ; mais cette dénomination de Serre-des-Huguenots annonce assez qu'il se fit là une de ces boucheries qui souillèrent l'époque si tristement célèbre du XVIme siècle, où le prosélytisme d'une part, et l'intolérance de l'autre, ensanglantèrent ces malheureuses contrées.
On trouve à un quart de lieue de Mirabel, sur un monticule appelé Risanne, dans une terre argileuse et bleuâtre, les balanites dont parle Faujas de Saint-Fond dans son Histoire naturelle du Dauphiné. Il y en a également au quartier de la Génestière.
Dans celui de la Peyrouse, non loin de Mirabel, est une fontaine minérale dont les eaux n'ont point encore été analysées.
Mais ce qui est surtout digne d'intérêt, c'est l'espèce de phénomène qu'offre le ruisseau de la Gaude. Ses eaux limpides coulent au bas et au nord-est de Mirabel, où elles alimentent une vingtaine de canaux d'arrosage. Elles sont plus abondantes dans les temps de sécheresse qu'en hiver et au printemps. Elles semblent épuisées à chaque saignée de dérivation ; mais des sources qui jaillissent partout du lit même du ruisseau permettent d'ouvrir plus bas d'autres canaux de distance en distance, jusqu'au point où la Gaude se jette dans l'Eygues, vis-à-vis de Vinsobres.

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